Il y a dans le sentiment qui attache l'homme à la propriété
autre chose que le plaisir d'avoir, et c'est le plaisir de faire. Alain.J'aime
beaucoup Alain,
sa pensée est le plus souvent clair, ici, peut-être moins.
Et pourtant, après un instant de reflexion, si, je retrouve ce que
je voulais dire, et Alain retrouve Rousseau. Rousseau, je crois, justifie
la propriété par le travail justement. Il semble que ce soit
l'un des premier à parler de propriété (avec Locke).
Le travail du sol, renouvellé chaque année, donne au cultivateur
un droit sur la recolte et finalement sur la terre elle-même, c'est
la propriété qui nait. Elle nait du travail et de l'inertie
(=usage, =habitude). Et on retrouve la une autre forme de définition
(plus moderne et legal ?) qui attribue la propriété à
celui qui en a l'usage effectif. Si on reduit la propriété
aux résultats d'un travail (et il faudra considérer ce qui
n'est le résultats d'aucun travail, par exemple son image), on peut
penser qu'Alain signifie que ce qui nous agrèes dans le sentiment
de propriété c'est de savoir que c'est le resultat de notre
travail, résultat immédiat, je suppose pour la maison, le
meuble ou le pain que l'on vient de faire, résultat indirect pour
la voiture ou la télévision que l'on a acheté, payé,
échangé contre l'argent de son travail. Dans la propriété
se concrétise le travail fait. Montrer ses propriétés,
c'est faire référence direct ou indirecte à son travail.
Dans ce contexte, la propriété est noble, elle est la marque
de la valeur d'un individu.
Mais voila, et Rousseau le remarque, la propriété
est devenu à travers les siecles une forme dissocié du travail
de l'individu au centre de la relation de propriété. Dans
la notion d'héritage, la propriété fait référence
éventuellement au travail de la lignée, plus surement elle
fait référence à la naissance, élément
qui a quelquechose d'arbitraire. Cependant, cette forme de propriété
est justifié par l'usage. Qui a l'usage d'une maison sinon ceux
qui y habitent, et qui y habitent sinon les enfants mêmes de celui
qui la possedait, qui l'habitait. Cet arbitraire de la naissance est donc
à moitié compensé par un réel droit sur l'usage.
D'ailleurs, pour ce qui est de l'investissement personnel, celui que l'on
retrouve dans le travail, c'est probablement eux, les enfants, qui peuvent
témoigner du plus grand. Et donc, peut-être moins par la naissance
que par le nombre d'années passées dans les murs, les enfants
devenus grands peuvent ressentir un sentiment de possession vis à
vis de la maison. Mais voila, si la descendance est grande, tous les enfants
pourront tout aussi bien revendiquer cette propriété, et
l'ainée, si ce n'est quelques années d'usages supplémentaires,
ne peut rien dire de plus que le puiné ou le benjamin (et le sexe
dans tout ça ? hum, vous imaginez qu'il me semble arbitraire d'accorder
plus d'importance à l'un plus qu'à l'autre, alors pourquoi
donner la maison plus à l'un qu'à l'autre ?)
Venons-en à deux sujets qui m'interressent,
la propriété intellectuelle, et la question de son image
(exemple parmi d'autre de tout un nouvel ensemble de question relatives
à la propriété).
Pour ce qui est de la propriété intellectuelle, on pourrait
dire que l'individu ayant produit une idée, une oeuvre a travailler
pour atteindre ce resultat (paradoxalement la notion d'inertie/d'usage/d'habitude
disparait, le travail reste). Et cela doit être ce que le droit garantie.
Cependant, il y a la pour moi un paradoxe, ou de l'orgueil . Comment pouvoir
dire que nos idées nous appartiennent, et même leur formulation.
Pour les idées, à force de lecture, combien de fois avons
nous découvert sous la plume d'un autre les idées que l'on
croyait siennes et originales ? ou des idées approchantes, ou des
idées dont une interprétation possible correspond à
ce que nous voulions dire. Bonheur, déception, ces découvertes
nous sont rarement indifférentes. Peut importe pour la question
qui nous interresse ici. Par ailleurs, pourquoi vouloir être propriétaire
d'une idée ? Une idée, la vie que son auteur (occasionnel)
peut esperer pour elle, c'est d'être partager, c'est de se répandre
et que chacun pense qu'elle est sienne, non ? Quant à sa formulation,
faut-i y apporter tant d'importance (même pour une poésie),
il y a dans le choix des mots beaucoup d'arbitraire, de chance (vous croyez
que j'exagère ?), les traducteurs feront aussi bien que vous, le
temps rendra votre prose perfectible (mais déjà probablement
elle l'était), et puis ces mots que vous cherissez tant, parce qu'ils
sont les votre, ne les trouve-t-on pas dans le dictionnaire, déjà
? Et que penseriez-vous si sous la plume de quelqu'un d'autre vous trouviez
ces mots mis dans le même ordre, sonnant avec le même rythme,
est-ce qu'il y aurait vol, et de la part de qui ? Sur le plan épistémologique,
il n'est pas clair qu'une idée ou une formulation puisse être
la création d'un homme, mais sur ce terrain je ne m'avancerais pas
(on pourrait parler d'invention au lieu de création, au besoin).
Et que vaudrait cette propriété, cette proprété
ne garantirait pas l'usage exclusif, ni même la possibilité
de faire payer un péage pour en avoir l'usage, tout le monde pourrait
en avoir l'usage, pour autant, et sans payer cet usage (car ce que quelqu'un
peu découvrir, un autre peut aussi le découvrir). Je ne crois
pas que l'on puisse être propriétaire d'idées ou de
formules, et même si cela était possible, je prefererais faire
sans, et donner mes idées (celles que j'ai redécouvert, puisque
d'après ce qui précede, on ne découvre pas, mais plutot
redécouvre, réinvente) à la communauté, d'ailleurs,
n'est-ce pasla mode, en ce qui concerne la propriété intellectuelle,
que son droit, c'est de ne pas en avoir, et garantir que personne d'autre
n'aura de droit sur sa 'création', et cela me semble bien. (ne vous
inquietez pas, les marchands auront toujours quelque chose à vendre.
je ne crois pas qu'ils soient marchands d'idées aujourd'hui, plutot
marchand de services, de supports, ou autres)
Les idées ne sont pas faites pour appartenir à quelqu'un.
Reste la dernière question, est-ce que l'on
à un droit de propriété sur son image, a-t-on le droit
d'avoir une vie privée, dont la propriété nous serait
donnée ? Ici, pas de travail justifiant cette propriété,
pas d'usage au sens utilisé précédement. Si propriété
il doit y avoir, elle doit se légitimer d'une autre manière,
je ne sais comment. Le droit semble accorder un certains droit à
la vie privée, au respect de son image, mais y a-t-il moyen de mettre
en oeuvre cela ? l'accident de voiture au coin de la rue, tous les badauds
sont spectateurs de la vie qui se déroule pour l'autre. L'etat,
l'école, les associations demandent des photos sans cesse. Qui peut
vivre dans le secret, maitre absolu de sa vie privée, propriétaire
exclusif de l'histoire de cette vie, de l'image offert par son visage ?
Plutot, me semble-t-il, il faut agir comme si son image, sa vie, sa voix
ne nous appartenait pas. Les cameras dans la rue sont-elles la pour nous
voler notre image, ou indifférente à cette image qui lui
appartient déjà ? Les registres d'états civils nous
volent-ils quelques éléments de notre vie la plus intime,
ou retracent-ils seulement un peu de ce qui lui appartient déjà,
qui le constitue ? L'histoire de ma vie ne m'appartient pas, pas la peine
d'essayer d'en garder le secret, d'en conserver la propriété
exclusive, ma vie non plus ne m'appartient pas, les psychologues, les sociologues
vous le diront, même la télévision, à l'occasion,
vole/expose un peu de cette vie.